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Les enfants de l’écran sont-ils en danger ?

SUREXPOSITION, ATTENTION AUX RISQUES : Le temps passé devant un écran chez les tout jeunes enfants est en hausse. De façon directe, et indirecte, l’écran présent dans toutes les pièces et à tous les étages occupe une place centrale dans la famille. Face à la surexposition devant les écrans, des médecins et des professionnels de la petite enfance alertent sur les dangers pour l’enfant.

L’écran, le nouveau membre de la famille

L’écran est devenu un personnage incontournable. Dans le salon, dans la chambre… difficile de lui échapper. Après avoir vécu quelques décennies sédentaire, le voici devenu nomade. Ordinateur portable allumé 24/24, qu’on croise sur toutes les tables, même pendant les heures de repas, smartphone ou tablette tactile que les parents emmènent avec eux dans toutes les pièces. L’écran occupe une place centrale dans la famille, et par conséquent une place de plus en plus importante dans la vie de l’enfant. L’enfant est en contact permanent avec les écrans de façon directe ou indirecte. Acteur de son quotidien, l’écran accompagne de plus en plus sa vie de tous les jours. Mais le compagnon peut s’avérer dangereux à haute dose.

L’écran du danger

Dans une tribune publié dans le journal Le Monde, des médecins et professionnels alertent sur les graves troubles du comportement et de l’attention qu’ils observent de plus en plus chez les petits. “Nous recevons de très jeunes enfants stimulés principalement par les écrans, qui, à 3 ans, ne nous regardent pas quand on s’adresse à eux, ne communiquent pas, ne parlent pas, ne recherchent pas les autres, sont très agités ou très passifs”. La surexposition aux écrans entrainerait selon ces médecins et professionnels des causes de retard grave de développement et notamment sur le langage. Ces médecins ont également fait le parallèle avec de possibles symptômes, de type autistique.

Entre les parents et les enfants, un écran s’installe

Comme un rempart relationnel, l’écran devient double. Omniprésent dans la maison, par sa présence physique, il devient aussi un rempart relationnel. Selon les médecins et professionnels signataires de la tribune, l’ enfant observerai t m oins les objets t q u i l’entourent et son environnement en général. “Captés sans cesse ou interrompus par les écrans”, (des portables qui sonnent, ou des messages Facebook) “parents et bébé ne peuvent plus assez se regarder et construire leur relation”. L’écran connecté censé être une ouverture sur le monde, peut devenir une fermeture sur soi et sa famille. “Lorsque le parent regarde son portable, il ne regarde plus son enfant”.

L’échange humain !

L’échange relationnel est parfois mis à rude épreuve. “Un bébé pour lequel ne s’est pas constitué l’accordage primaire avec son parent, grâce auquel se synchronisent les regards, la voix et les gestes, ne peut se développer de façon normale. Il ne peut accéder à une conscience de soi et développer un langage humain de communication et d’échange avec l’adulte”.

“Avant 3 ans, le meilleur des jeux est celui que l’enfant s’invente lui même”.

Pour Serge Tisseron, psychiatre, “le temps passé par les bébés devant les écrans les éloigne de l’activité vraiment utile à leur âge : interagir spontanément avec leur environnement en inventant leur propre jeu. Plus un enfant passe de temps devant un écran durant une journée, moins il lui en restera pour jouer et interagir avec les autres”. En jouant, l’enfant imagine, construit sa pensée. En regardant l’écran, l’enfant subit davantage ce qui lui est imposé. Les écrans ou les jeux vidéos sont parfois “des prêts à penser” de la construction mentale.

“Être devant un ordinateur comme papa”

Le mimétisme relationnel rentre en jeu. L’envie d’imiter son parent vient très tôt dès la naissance. Les enfants sont des éponges du quotidien parental. Le pianotage du smartphone fait des petits. Un enfant qui voit son parent penché du matin jusqu’au soir, sur son smartphone ou sa tablette, voudra faire la même chose.

Un problème de santé publique

Afin de prévenir ces graves retards du développement chez les bébés et les jeunes enfants, occasionnés par un trop plein d’écran, les signataires de la tribune demandent que “ce problème soit un enjeu de santé publique”. Ils demandent des campagnes nationales de prévention et aussi que des recherches indépendantes soient menées par des professionnels du terrain

Sources :
Le Monde. Tribune. 31 mai 2017.
Serge Tisseron (revue réalités familiales Unaf 2016)