Association de l’UDAF
FAVEC Féderation des associations des conjoints survivants et parents d’orphelins
"4 millions de personnes sont frappés par le veuvage"

INTERVIEW : Depuis 1949, la FAVEC accueille, écoute, accompagne, informe les conjoints et leurs enfants touchés par le deuil et défend leurs droits. Dans la Manche, l’association s’est implantée en 1973. Rencontre avec sa présidente départementale, Ariane Agostinis
En France, combien de personnes sont concernées par le veuvage ?
4 millions de Français sont frappés par la perte d’un concubin(e), plus de 3 millions de femmes et 680 000 hommes. À noter que 500 000 jeunes de moins de 21 ans sont aujourd’hui, orphelins de père ou de mère.
Le veuvage est souvent associé à des personnes âgées ?
Les personnes âgées sont la grande majorité mais un nombre non négligeable de jeunes parents sont touchés par la perte d’un conjoint(e). Un accident, une maladie ou malheureusement parfois plus terrible, un suicide. Des femmes se retrouvent seules avec leurs enfants dans des situations souvent de grande précarité. L’avenir pour ses enfants qu’on avait jusque-là pensé à deux, il faut dorénavant le porter seul.
Cela concerne donc des familles monoparentales souvent précarisées ?
Oui, précarisées psychologiquement par la perte d’un proche, mais aussi économiquement. Les aides tributaires du régime général du conjoint(e) décédé(e) sont très disparates d’une branche professionnelle à l’autre. Idem, pour les pensions de réversion qui ne sont pas versées avant 55 ans, et qui sont très inégalitaires.
Votre association défend les droits des conjoints survivants ?
Beaucoup de personnes ont des difficultés à faire valoir leurs droits parce que pour la majorité, elles ne les connaissent pas. Les familles ne sont pas toujours bien informées et sont souvent démunies face au deuil. Notre association les aide dans leurs démarches. L’appui d’une association, pour laquelle vous adhérez a souvent de l’impact auprès des administrations. Adhérer à la FAVEC est donc vraiment un plus.


Votre association défend les droits des conjoints survivants ?
Beaucoup de personnes ont des difficultés à faire valoir leurs droits parce que pour la majorité, elles ne les connaissent pas. Les familles ne sont pas toujours bien informées et sont souvent démunies face au deuil. Notre association les aide dans leurs démarches. L’appui d’une association, pour laquelle vous adhérez a souvent de l’impact auprès des administrations. Adhérer à la FAVEC est donc vraiment un plus.
La FAVEC a contribué à faire bouger les lignes depuis 1949 ?
Même si il y a eu beaucoup d’avancées grâce aux combats menés en 70 ans par la FAVEC en faveur de la reconnaissance du statut de conjoint survivants et des orphelins, il reste encore beaucoup à faire, d’autant plus qu’on note des reculs ces dernières années. En termes de défiscalisation notamment, et également sur l’allocation veuvage, qui reste soumise à des conditions de ressources extrêmement basses, donc très peu en profitent.
À l’heure actuelle, trop peu d’aides prennent en compte la situation spécifique du veuvage ?
Oui. Il faut faire reconnaitre davantage le statut de conjoint survivant. Sans statut, on n’existe pas administrativement. C’est donc difficile de rentrer dans les cases, pour obtenir des aides.
Comment l’expliquez-vous ?
Nos députés ne s’intéressent pas à nous, même si nous représentons 1/6e de la population. L’opinion publique est intéressée mais peut-être pas assez sensibilisée. La mort est un sujet tabou dont on ne veut pas entendre parler de peur que ça vous tombe dessus. Mais derrière ces silences face à leurs réalités se cachent des familles détruites, qui ne peuvent pas se reconstruire car précarisées économiquement et psychologiquement
Et les enfants ?
Il n’y a aucune reconnaissance du statut d’orphelin. Je pense notamment à l’école. Les enfants qui ont perdu leurs parents sont là avec leurs différences. Une différence qui n’est pas toujours prise en compte car sans statut. Souvent ces élèves sont sanctionnés ou fragilisés car ils développent parfois des réactions comportementales à risques, (échec scolaire, agressivité, ..). Perdre son père ou sa mère, et surtout à un âge peu avancé, cela ne s’inscrit pas dans une représentation normale de l’enfant, qui n’est pas préparé à cette réalité qu’il imagine lointaine, ou qu’il n’imagine pas.
Qu’en est-il des personnes vivant en union libre ?
Il faut anticiper le décès d’un proche. Il faut se pacser c’est un minimum, sinon au moment du décès, « administrativement vous n’existez pas » . Vous pouvez aussi faire un testament pour protéger vos proches et éviter des conflits dans la succession auprès des tiers. Si vous n’êtes ni mariés, ni pacsés et sans testaments, les biens sont taxés à 60 %.
Et votre association départementale où en est-elle ?
Elle compte une trentaine d’adhérents. Nous avons beaucoup de difficultés à recruter et l’absence de relève met en danger la pérennité de notre association vieillissante, avec une moyenne d’âge de 80 ans. Malgré l’envie, nos moyens physiques nous limitent. On ne fait malheureusement pas toujours ce que l’on veut, mais ce qu’on le peut. Nous aimerions solliciter davantage l’adhésion des personnes pour continuer à défendre les familles.

infos pratiques :
FAVEC 50
Federation des associations de conjoints survivants et parents d’orphelins.
02 33 46 00 53 –
https://www.favec.org