Services de l’UDAF
Habitat inclusif

Rencontre avec les habitants du dispositif ! 

 

REPORTAGE   : Des colocataires seniors en situation de handicap partagent une maison de centre ville, à Avranches. Un projet innovant, basé sur l’entraide et l’accompagnement social. Le second dispositif d’habitat inclusif porté par l’UDAF de la Manche, en partenariat avec l’ETP d’Avranches et l’ARS, avec le soutien du Conseil départemental et de l’ADMR, fêtera son premier anniversaire, en octobre.  

 

“On vit en petit comité” 

Les  trois  colocataires de cette grande maison de centre ville, sont des jeunes retraités de l’ETP d’Avranches. Un centre d’aide par le travail qui accueille des personnes en situation de handicap. Daniel travaillait le bois, Gilles et Alain « la ferraille à la métallurgie ». A eux trois, plusieurs décennies d’ESAT, et de foyer d’hébergement annexé à leur lieu de travail. « Ici, il y a moins de monde qu’au foyer », témoigne Daniel, qui avoue ne pas regretter la vie en établissement.  « C’est plus calme. On vit en petit comité, chacun à son rythme ». Pour Gilles, 64 ans, c’est le même sentiment qui domine. « Je me sens mieux dans cette maison, il y a moins de bruit. »

La vie après l’ESAT mène souvent à l’EPHAD

Daniel a travaillé longtemps à la menuiserie de l’ETP. En fin de carrière, son temps partiel dépassait à peine 9 heures par semaine, « mais ça lui permettait de garder sa place d’hébergement. La vie après l’ESAT mène souvent à l’EPHAD et aux foyers d’accueil. « Les solutions alternatives d’hébergement sont manquantes pour ce type de profil », souligne Gaëtan FERCHAUX, directeur par intérim de l’UDAF de la Manche. Cette solution d’habitat inclusif basée sur la colocation, est plus adaptée pour des gens encore autonomes.

Six colocataires maximum

Les conditions d’admission ne nécessitent pas une orientation de la MDA, contrairement à l’autre dispositif d’habitat accompagné de l’UDAF de la Manche, Familles Gouvernantes. Pour accéder, les habitants doivent être bénéficiaires de prestations ou allocations en lien avec leur âge ou leur handicap. Ils doivent être âgés de 45 ans ou plus. La maison, entièrement équipée, située à proximité du jardin des plantes, d’Avranches, peut accueillir six colocataires au maximum.

« Je me retape un peu »

Daniel touché par le diabète et une maladie du cœur, confie « être fatigué ». Dans cette maison de ville à la déco chaleureuse, « il se retape un peu, même si à l’ESAT, il y avait des bons copains, qui lui manquent parfois ». L’acclimatation avec les autres colocataires a été plus compliquée pour lui. Mais aujourd’hui, il partage ses repas avec Alain et Gilles, qu’il a appris à mieux connaître, malgré « des débuts difficiles ». Daniel a un naturel solitaire. « Toutefois, c’est lui, le matin, qui prépare le café pour tout le monde ».

« Le matin, c’est Gilles qui va chercher le journal »

Toutes les semaines, une cagnotte commune est constituée avec un peu d’argent liquide, qui permet d’acheter le pain. C’est Gilles qui s’y colle. « Au départ, il ne sortait pas du tout, inquiet à l’idée de se repérer tout seul », témoigne Doriane, animatrice de vie sociale à l’UDAF de la Manche. « C’est Alain qui l’a accompagné la première fois, dans les rues du centre commerçant.» souligne Doriane, qui vieille sur le bien être des habitants. Des habitants, qui font preuve de bienveillance les uns envers les autres. « L’entraide est un des principes moteur du dispositif ».

 

Des colocataires en situation de handicap partagent une maison de centre-ville à Avranches. Un projet innovant, basé sur l’entraide et l’accompagnement social

« Recréer un cadre familial »
Les colocataires partagent les charges d’alimentation. Chaque semaine, les menus sont décidés collégialement et préparés en commun. Une obligation dans cette maison partagée, ou tout est soumis à la majorité des voix. De la déco sur les murs, aux menus de la semaine, les décisions sont prises collégialement. Pour l’aspect budgétaire, le principe est le même. Le dispositif repose sur une mise en commun, d’une partie des ressources dont bénéficie chaque personne, qui sont mutualisées et permettent le financement de l’intervention de deux aides à domicile.

Un programme d’activités élaboré en commun
Avec l’aide de Doriane, l’animatrice de vie sociale, ils élaborent des projets d’activités, des sorties, au gré de leurs envies. Sortie bowling, cinéma, musée, etc. Mais aussi, des activités individuelles, que l’animatrice de vie sociale essaie de favoriser dans la mesure du possible. Doriane, comme pour les premiers pas, les accompagne au départ, quand il s’agit d’une première activité, mais à l’arrivée ils font tout seul « L’idée du dispositif, c’est aussi d’autonomiser, d’accompagner vers plus d’autonomie ».

Privilégier les moments d’entraide.
« Les moments partagés sont là pour unir les locataires ». Le lien social se crée à l’intérieur et à l’extérieur. Même si chacun à ses fêlures, ses blessures, comme Daniel, « inquiet pour son diabète », ou Gilles « qui redoute souvent le regard de l’autre ». « Il faut gérer les inquiétudes ». Isabelle, Anne-Sophie et Doriane passent beaucoup de temps à accompagner, à soutenir, prêtant l’oreille à leurs angoisses. « Ici, on écoute beaucoup ». « On essaie de coller à l’instant, dans le mesure du possible, en privilégiant les moments de convivialité ». Lutter contre l’isolement est un des objectifs du dispositif. « Quand l’un a peur, l’autre accompagne ».

En savoir plus : UDAF de la Manche : 02 33 57 92 25

habitatinclusif@udaf50.fr

Autre dispositif d’Habitat accompagné de l’UDAF : Familles gouvernantes