Associations
MFR
réussir autrement
RENCONTRE Jean-Yves Marge est directeur de la fédération départementale, qui gère 1O établissements dans le département. Les MFR (Maisons Familiales Rurales) proposent des formations en alternance et un modèle d’éducation original basé sur une pédagogie « du projet ». S’adaptant aux besoins du territoire, les MFR ont élargi depuis longtemps leur offre de formations, tout en favorisant le développement durable.
” l’intérêt premier c’est que demain, nos jeunes trouvent un emploi”
Des familles d’agriculteurs fondent la MFR
«Les maisons familiales rurales sont apparues fin des années 30, répondant à un besoin du territoire » précise Jean-Yves Marge. «A cette époque, il n’existe pas d’enseignement spécifique, au métier d’agriculteur, poussant les jeunes ruraux à abandonner très tôt leurs études». En 1937, des familles d’agriculteurs du Lot-et-Garonne, issues du syndicalisme agricole, ont alors l’idée de fonder une maison familiale rurale en partant du constat qu’il fallait rapprocher l’enseignement du terrain et celui de l’école. « Le principe de l’alternance est né de là ». Une dizaine d’années plus tard en 1947, la première MFR voit le jour dans la Manche, à La Haye du Puits. «La fédération s’est structurée très peu de temps après, dans les années 50».
1 500 jeunes en formation
En 2015, les MFR dans la Manche, c’est 10 associations, 190 salariés, 180 administrateurs (parents, maîtres de stages), près de 1 500 jeunes en formation, adultes et apprentis, avec un taux de réussite de 90 % à l’examen tous diplômes confondus.
Longtemps, les MFR ont été associées aux formations agricoles.
Les maisons familiales se sont peu à peu adaptées aux besoins du territoire (services aux personnes, agroéquipement…). «Dans notre département, 5 MFR sur 10 proposent des formations sur les services aux personnes».
Une pédagogie du vivre ensemble
Dans une MFR, les élèves, majoritairement internes (90%) participent activement à la vie de l’établissement. Ils font le service, la vaisselle, le ménage. «On attache une grande importance au principe de la vie résidentielle». En maison familiale, chaque jeune a une mission à accomplir dans la semaine, dans l’intérêt de l’ensemble du groupe. «Une variété de taches qui permet de responsabiliser et d’autonomiser ». Au début, les élèves sont parfois surpris, voire réfractaires à l’idée de faire eux-mêmes, « et puis progressivement ça se fait naturellement. Ils le comprennent. Les parents sont enchantés. Parce que d’un seul coup, ils voient leur fils mettre la table le dimanche ! ».
Retrouver du sens à aller à l’école
Les MFR ont tendance à être qualifiées de «seconde chance» qui s’adresse à des jeunes qui sont en rupture, en difficulté, dans l’enseignement général. «C’est vrai que cela aide certains de ces jeunes», admet Jean-Yves Marge. «Avec l’alternance, le déclic se fait. Parce qu’au travers des stages, ils vivent une rupture entre l’école et le milieu professionnel. Ils retrouvent du sens «à aller à l’école, à réapprendre, à faire du lien entre ce qu’ils voient sur le terrain et ce qu’on leur enseigne. Le sujet de l’école devient alors beaucoup moins épidermique à la maison et les tensions familiales qui pouvaient résulter de la question scolaire s’apaisent»
Des jeunes viennent avec un projet bien arrêté
Les jeunes qui ont une orientation professionnelle précise, et qui estiment que le collège ne correspond pas à leur projet professionnel «sont aussi des profils» que l’on retrouve dans les MFR. «On reçoit aussi des jeunes qui ont 16 de moyenne au collège».
En Maison familiale, on ne parle pas de professeur, mais de moniteur.
Cette fonction de moniteur est une fonction globale, qui n’est pas réduite qu’à l’enseignement, «mais avec une dimension forte d’accompagnement ». Les temps d’échange sont essentiels «avec cette notion de mettre le moniteur à la portée de l’élève. Cela permet un travail de confiance entre le jeune et le moniteur et démystifier le rôle de l’enseignant».
Les parents au cœur du dispositif
Pour les parents, aussi, cette «démystification» est une priorité. «Les formateurs rencontrent facilement les familles, le directeur aussi, sur des choses qui peuvent parfois paraître anodines, mais qui ont une importance pour le jeune et la famille». Des parents qui sont au coeur des MFR.Ils composent au moins 50% des conseils d’administrations.
Les débouchés
Le service aux personnes est un secteur où l’employabilité est assez forte. «Les jeunes qui suivent un BAC-Pro dans ce secteur, par le fait qu’ils passent plus de 60 semaines en 3 ans en stage, (ce qui équivaut à 1 an d’expérience professionnelle), trouvent assez aisément du travail». Selon les données nationales, 3 BACS-Pro sur 4 dans ce secteur trouvent un emploi dans les 7 mois. L’agroéquipement est un secteur qui connait également des besoins d’emplois assez importants (conduite d’engins agricoles, entretiens, etc…). Et la filière bovine ? Jean-Yves Marge n’a pas encore ressenti de crise sur la filière. «Nos effectifs se maintiennent, mais nous restons vigilants». Il existe d’autres secteurs avec des besoins non pourvus (plâtriers, chaudronniers…) «mais il n’y a pas les jeunes en face».
Articuler offre et besoin
En 2015, la MFR a mis en place une commission de réflexion au niveau de la fédération, sur les métiers des services aux personnes, en sollicitant une réflexion auprès des jeunes et les professionnels. «On travaille à cette articulation, entre offre et besoin. L’intérêt premier c’est que demain, nos jeunes trouvent un emploi dans nos territoires».
Pour en savoir plus :