Dossier
Parentalité

Parents après la séparation !

SÉPARÉS, MAIS TOUJOURS PARENTS: Même séparés, les parents restent co-parents. Dès lors, comment passer du couple conjugal au couple parental dans l’intérêt de l’enfant ?

 

Du couple conjugal au couple parental.

C’est un chemin délicat. Le réaménagementdu couple conjugal au profit du seul couple parental exige de dépasser déceptions, frustrations, colères pour au final, reprendre pied dans une acceptation raisonnée de la rupture.

 

Réussir sa séparation

Pour Odile Lerebours, Médiatrice Familiale à l’UDAF, aider le couple à bien se séparer, c’est l’aider dans l’exercice de la parentalité. Tant qu’il n’aura pas soldé ses comptes au niveau du couple conjugal, le couple parental aura du mal à exister. Les parents doivent réaliser le deuil du couple conjugal, nécessaire à l’exercice de l’autorité parentale, ajoute Sébastien Dupont, sociologue et chercheur à l’université de Strasbourg.
Mais cette question est fréquemment occultée et renvoyée sur d’autres sujets. Les psychologues sont très souvent sollicités par des parents séparés pour leurs enfants, souvent d’une manière indirecte. Rapidement on s’aperçoit qu’on se trouve dans un contexte de conflit entre parents séparés et que cela relève davantage de la médiation familiale. En fait, c’est plus le couple qui a besoin d’être aidé, que l’enfant !

 

Plus que la séparation, c’est le conflit qui peut mettre l’enfant en danger

La séparation est certes un séisme pour les enfants, souligne la thérapeute, Nicole Prieur, mais pas insurmontable. La plupart d’entre eux, ont les ressources nécessaires pour traverser cette épreuve. A noter que cette difficulté faite aux enfants sera d’autant plus active et douloureuse que la séparation sera conflictuelle. Pour nombre de praticiens, ou sociologues, c’est en effet le conflit plus que la séparation qui met les enfants en difficulté, avec comme résultante possible d’éventuels problèmes comportementaux, psychologiques ou scolaires.

Bien que séparés, il faut continuer à se parler !
Au-delà de leur séparation, les parents doivent donc(re)nouer un dialogue éducatif, nécessaire à la gestion du quotidien des enfants. « Un véritable challenge » explique Odile Lerebours : Il faut apprendre ou réapprendre à communiquer, dans l’intérêt des enfants alors qu’une communication défaillante est souvent responsable de la séparation. Une situation paradoxale pour la médiatrice « de devoir se parler quand on n’en a plus envie ». En effet, on imagine aisément combien cela peut être compliqué. « On n’est plus un couple et il faut rester co-parents dans l’intérêt des enfants ». C’est un challenge inédit. Certains parents y réussissent relativement facilement mais d’autres buttent sur les rancoeurs et les  sentiments toujours à vif, qui s’invitent dans la relation entre adultes et prennent les enfants en otage.

 

Continuer « à faire parent », même séparés !
Certains parents sont tellement pris dans l’émotionnel qu’ils ne sont pas encore en capacité d’être aussi dans l’organisationnel, explique Odile Lerebours. A ce stade, les personnes sont plutôt en train de gérer leur échec. « On leur demande de penser à l’enfant alors qu’eux vont mal. Ils sont enfermés dans leur propre souffrance, et provisoirement en incapacité de remettre en cause leur fonctionnement ».Des lors, ils ne sont pas en capacité d’exercer sereinement la parentalité partagée souhaitée. L’enfant se trouve « embarqué » dans la tourmente du conflit où se débattent ses parents, et ne peut donc pas aller bien.

Détruire l’image de l’autre, c’est détruire l’enfant

L’enfant ne doit pas se trouver entre les deux parents, mais avec les deux. Il a besoin de savoir que ses deux parents communiquent ensemble sur lui. Même à distance. Dans les conflits, les parents peuvent se livrer une guerre acharnée. Espionnage par enfant interposé, dénigration des beaux-parents, etc. Des situations dangereuses, qui peuvent déboucher sur un déni total de la vie de l’enfant quand il vit chez l’autre parent. « L’enfant a besoin de savoir qu’on s’intéresse à lui. Il a besoin qu’on le questionne. Si vous ne semblez pas intéressé par ce qu’il vit, il va finir par se taire », explique la médiatrice familiale. Un silence qui va le fragiliser. « L’idée n’est pas de chercher à savoir ce qu’il se passe chez l’autre parent mais s’intéresser à ce que vit l’enfant. Si vous détruisez l’image de l’autre parent, ou si vous la passez sous silence, l’enfant risque d’être coupé en deux ». Il faut à tout prix éviter d’impliquer l’enfant dans le conflit parental. Lorsque chaque parent a à coeur de préserver le bien être de l’enfant, souligne la philosophe, Nicole Prieur, « cela permet de hiérarchiser les questions et de relativiser les oppositions ».

 

Du bon usage de la médiation familiale

La médiation familiale va confronter les personnes à leur rôle de parents. Qu’est ce qu’on a envie de communiquer à l’autre, pour le bien-être de l’enfant ?, souligne Odile Lerebours. La médiation amène les parents à se recentrer sur la recherche de solutions durables, sans les culpabiliser de leur détresse. La médiation est là pour les soutenir, pour les aider à sortir de l’émotionnel et à parler du conflit pour le mettre à distance, tout en ne perdant jamais de vue l’objectif principal : mettre en valeur l’intérêt des enfants qui n’ont ni à être otages, ni à choisir entre leurs deux parents. En cela, l’aide d’un tiers neutre, bienveillant, impartial et protecteur, permet aux personnes de sortir d’un face à face devenu stérile. Ce tiers leur offre un espace-temps sécurisé pour que chacun écoute l’autre : passage obligé pour sortir du conflit. Ensuite, il devient plus facile pour les parents de se centrer sur les besoins des enfants et organiser pacifiquement et positivement l’après rupture. En un mot : « continuer de faire famille », bien que séparés.

Les sites utiles

PARENTS SEPARÉS
Les sites utiles pour s’informer

• mon-enfant.fr
rubrique « Espace doc’Parents »,
puis « Parents séparés »
• justice.gouv.fr
• caf.fr
• udaf50.fr (médiation familiale)
• adseam.asso.fr